Page:Moreau - Le myosotis (Nouvelle édition précédée d'une notice biographique), 1851.djvu/40

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Il chantait et rêvait sous l’influence bienfaisante de celle qui était sa sœur et qui l’entourait comme d’un charme d’amour et de pureté ; enfin il pouvait se croire heureux.

Au mois de septembre 1828, Charles X, qui voyageait dans l’intérieur du royaume avec M. de Martignac, passa par Provins où Moreau, âgé de dix-huit ans, avait déjà une sorte de réputation acquise et un commencement de public. On lui demanda des vers royalistes ; c’était M. L***, plus qu’un ami, qui priait, il écrivit. Charles X et son ministre sont présentés dans ces strophes à l’état de Henri IV et de Sully ; mais évidemment l’inspiration n’y entre pas, et tout, jusqu’à la rime, n’y semble obéir qu’à regret. Moreau a fait justice de ces vers dans la chanson des Croix d’Honneur qui fut composée à la même époque et presque à la même occasion.

En effet, dès son retour à Paris, Charles X avait envoyé à M. G***, maire de Provins, une tabatière d’or et la croix-d’honneur. Le jeune poëte, à cette nouvelle, a retrouvé sa verve satirique et moqueuse, et si la chanson, comme on le verra bientôt, était de sa part mal adressée, du moins elle ne laissait pas d’être juste à beaucoup d’égards, dans mainte autre circonstance.


LES CROIX D’HONNEUR.


Quelle profusion rare
La cour étale à présent !
Henri n’était qu’un avare
Près d’un Roi si bienfaisant.
Sur des provinces entières
À grands flots on voit tomber
Des croix et des tabatières…
Il suffit de se courber.