Aller au contenu

Page:Moreau - Petits contes à ma soeur - 1896.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pauvre peuple dansa devant des feux de joie.

Les premiers exploits de Jeanne inspiraient tant de confiance dans l’avenir que la ville, disent les chroniques du temps, se regardait déjà comme désassiégée.

C’était surtout dans la rue où la bergère devait passer qu’il y avait grand bruit et grande foule. Attention ! voici une lourde avant-garde à cheval qui fend à grand’peine, et à la nage, les vagues noires du populaire ; puis deux hérauts d’armes proclamant d’une voix sonore les nouvelles de Dieu ; puis enfin, Jeanne !… On peut la contempler à loisir car elle n’a ni casque ni visière, mais seulement un chapeau sur lequel se balance une petite plume. Elle porte une cotte de mailles et s’avance lentement, ses yeux levés au ciel, comme pour y renvoyer les bruyantes acclamations qui la saluent. A sa droite est Jean d’Orléans, comte de Dunois et de Longueville, grand chambellan de France, surnommé depuis le Victorieux et le Triomphateur, qui, aidé de Jeanne, remit en sa splendeur le royaume de France, et dont Valentine de Milan, sa belle-mère, avait coutume de dire que, de tous ses enfants, il n’y avait que Dunois qui fût capable de venger la mort du duc d’Orléans. En ce moment la joie du brave Dunois était grande, car cette ville qui le recevait avec des acclamations, il avait médité de la réduire en cendre plutôt que de l’abandonner aux Anglais. A sa gauche est Lahire ; et c’est ainsi que Jeanne marcha depuis dans les combats qu’elle eut à traverser. Alors, dès qu’un danger se présentait,