Page:Moreau - Petits contes à ma soeur - 1896.djvu/83

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ndamnaient à passer le reste de ses jours au pain de douleurs et à l’eau d’angoisse. Et comme les Anglais, indignés de cette sentence qui leur semblait trop douce, tiraient leurs épées et menaçaient les juges : « N’ayez pas de souci, dit l’un d’eux, nous la retrouverons bien ». Et, en effet, une nouvelle condamnation ne tarda pas à remplacer la première. Voici sous quel prétexte : Jeanne avait repris l’habit de femme, car on lui imputait à crime l’habitude, contractée dans les camps, de se vêtir en chevalier. Pour lui faire violer sa promesse, on lui enleva pendant son sommeil les vêtements de son sexe, et on y substitua des habits d’homme. Quand elle voulut se lever, il lui fallut bien se vêtir de ces habits. Elle fut surprise par des espions apostés, jugée de nouveau sur leur témoignage, et condamnée au feu comme sorcière, séductrice, hérétique et ayant forfait à son honneur.