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Page:Moreau - Petits contes à ma soeur - 1896.djvu/85

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venait lui en demander pardon. Arrivée au pied du bûcher, elle recommanda son âme à Dieu et à la sainte Vierge, et demanda une croix. Un spectateur en fit une de deux bâtons et la lui donna. Mais bientôt un cri d’impatience se fit entendre parmi les Anglais. Alors, interrompant les prières de la victime, le bourreau la saisit et l’entraîna sur le bûcher. Quand elle vit le feu s’allumer : « Tenez-vous en bas, dit-elle à son confesseur, levez la croix devant moi, que je la voie en mourant, et dites-moi de pieuses paroles jusqu’à la fin. »

On l’entendit prier longtemps encore à travers les flammes et le dernier mot qu’on put distinguer fut : « Jésus ! ».

« Nous sommes perdus, s’écriaient les Anglais : on vient de brûler une sainte ! »

On trouva son cœur tout entier dans les cendres. Et quelqu’un prétendit même avoir vu l’âme de Jeanne d’Arc s’envoler vers le ciel sous la forme d’une colombe.