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— Oui, il m’en a parlé ; même il m’a dit une chose que je ne vous cacherai pas plus longtemps car d’elle dépend tout notre bonheur.

Pierre était suspendu à ses lèvres. Sa position cependant était si fausse, il se sentait si humilié, si pauvre, qu’il se faisait violence pour cacher son émotion. Berthe lut ces sentiments sur son visage, elle se hâta de poursuivre :

— En 98, avant de partir pour New-York, j’ai passé une semaine chez mon oncle, John Walter Mortimer, à Lourenço Marqués. Mon oncle n’a pas d’enfant et il m’aime beaucoup. Un jour, il me fit venir dans son cabinet de travail et il me dit : Ma fille, j’ai des millions qui sont pour toi. J’en ai d’autres qui sont enfouis à un certain endroit sur la frontière. Ceux-la appartiennent à un ami qui m’a chargé de les remettra à quelqu’un, plus tard. Cependant il y en a une partie que j’ai le droit de m’approprier. Il se présente une difficulté : pour avoir ces millions, il faut presque les conquérir, car ils sont dans un pays où l’or et les diamants sont un danger. Je me fais vieux, je suis même trop vieux pour remplir la mission qui m’a été confiée, je ne pourrai jamais aller chercher ni le trésor qui doit être remis ni celui qui m’appartient. Un jour tu te marieras, et celui que tu choisiras sera, j’en suis sûr, bon et brave. Tu lui diras mon secret et, en mon nom tu lui donneras la tâche à moi confiée par mon ami. Sa récompense sera le petit trésor de la frontière. Tout ce que je te dis là, je l’ai mis dans mon testament, tu pourras le constater toi-même après ma mort.

Pierre, en proie à la plus grande émotion, avait sorti de nouveau la lettre de sa poche et la froissait nerveusement.