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sures sont mêlées aux constructions importantes ; des restes de cintres, de colonnes, se rencontrent, dans un même édifice, avec des constructions de style moderne et, dans les physionomies qu’on croit toujours voir aux choses, on devine le dédain et l’écœurement : pour un bel arc gothique, n’est-ce pas un déshonneur que d’être condamné à servir de cariatide aux trois ou quatre étages d’un entrepôt de coton ou de café ? Au fond, dans les massifs de la ville haute, il y a de belles résidences ; plusieurs sont banales, mais d’autres ont du cachet. C’est à l’une de ces dernières que nous conduirons le lecteur.

C’est un château un peu solennel, à cause du corps principal où règne l’ogive et que ne parviennent pas à égayer les colonnes torses qui soutiennent les deux avants-corps surmontés de tours légères. Sur le linteau d’une porte latérale, dans un guillochage très serré, se détachent les lettres gothiques du mot portugais CEDOFEITA — bientôt faite, — inscription empruntée à la cathédrale de San-Martinho, à Porto, en Portugal. Il est vrai que le château fut bâti en huit mois et que le mot lui aurait bien convenu. Mais il y a une autre raison, comme on va le voir. Vingt ans auparavant, le maître du lieu était entré par hasard à San-Martinho de Cedofeita, la vieille église romane que les siècles ont faite presque gothique, et il y avait vu, agenouillée dans l’ombre, une femme d’une grande beauté. Il la contemple, comme en extase ; elle sort, il la suit, fasciné, jusqu’à ce qu’elle lui échappe pour rentrer chez elle. Il en est déjà épris et brûle de savoir qui elle est. Comme il avait eu de grandes relations d’affaires et d’amitié