Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 199 —

Comme il prononçait ces mots, sa bouche eut une sorte de crispation et laissa voir le bout de la canine de droite. Je n’avais jamais remarqué ce détail de sa physionomie, mais en ce moment il était tellement accentué par la rage qu’il ne pouvait passer inaperçu. Je tremblais pour vous, car je savais bien ce qu’il voulait dire quand il appuyait sur les mots : « ils sont décidés à tout ». Je résistai à l’envie que j’avais de lui sauter à la gorge. Du reste j’étais curieux jusqu’à un certain point de savoir ce qu’il voulait me confier ; j’espérais en tirer quelque chose d’utile pour vous ou pour moi ; je l’interrompis :

— Ne devriez-vous pas dire, monsieur Horner : Nous sommes décidés à tout ?

Il sourit :

— Il y a deux jours, vous auriez eu raison de me faire cette observation, mais aujourd’hui, ce n’est pas la même chose. Tenez, me dit-il en se levant, rien ne sert de cacher plus longtemps ce que j’ai à vous dire, je vous propose un marché.

La proposition me parut saugrenue, mais je voulais voir jusqu’où pouvait aller son audace.

— Je vous propose un marché, dit-il. Partons ensemble à la recherche du trésor, que nous partagerons, et je vous dévoile nos plans.

— Monsieur, lui dis-je, vous pouvez sortir d’ici ; je n’achète pas plus de secrets que je n’en vends.

Il se leva tout droit.

— Je connais, ajoutai-je, les plans de vos amis, vos plans à vous tous, mais tout est prévu et je vous préviens, monsieur l’évêque, que si vous tentez la moindre chose contre moi ou mes amis, la