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bre à coucher, puis le cabinet de travail. Je me demande quelle binette il va faire quand il va me revoir, surtout en votre compagnie.

Il va falloir le mettre dans l’impossibilité de nuire, dit Polson.

— C’est fait, dit Ascot, il est paralysé ; il ne lui reste qu’une main et la tête de valides.

— Tant mieux, allons !

Ils sortirent. De temps à autre, on entendait un faible gémissement venant du boudoir et du passage.

Ascot frappa un léger coup à la porte de la chambre où reposait Mortimer. Il n’avait pas eu de peine à la trouver ; d’abord, comme nous venons de le voir, il connaissait cette partie du château pour y être venu autrefois, quand il était employé aux douanes portugaises, et, de plus, tout au fond du corridor, un rayon de lumière passait par l’entre-bâillement de la porte. Une voix faible, mais où perçait malgré tout la colère, répondit au coup frappé par Ascot :

— Enfin, méchante fille, enfin ; vous voulez donc me laisser mourir, il y a une demi-heure que j’appelle, que je sonne, que je crie…

La semonce, destinée sans doute à la pauvre Minnie, fut interrompue par un cri : le moribond venait de voir le visage bien connu d’Ascot, par-derrière lui, la silhouette de Polson, puis la face de Natsé grimé en Français du midi, et la physionomie narquoise de Bilman. Toute l’horreur d’un cauchemar se peignit sur ses traits. Il chercha chaque côté de lui, puis regarda de nouveau ceux qui entraient. Un drame indescriptible se passait dans son âme. Il venait de comprendre que quelque