Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 269 —

— Je crois bien, répondit le Tommy, je suis d’Halifax. Pourquoi cette question ?

— Bien, je ne sais pas trop.

— C’est pour dire quelque chose ?

— Vous l’avez, c’est pour dire quelque chose.

— Et encore ?

— Bien, vous savez, je voudrais écrire à la maison Pâquet,

— Pourquoi, dit le soldat en riant ?

— Pour qu’on intercède en ma faveur auprès du colonel.

— Ça prendrait du temps, trop de temps.

— Vous croyez que je n’ai pas de chance ?

— Je ne dis pas ça.

— Vous ne dites pas ça, mais vous le pensez, n’est-ce pas ?

— Non, je ne dis pas ça.

— Cependant, selon vous, la tête me branle sur les épaules ?

— En temps de guerre, on n’a jamais la tête solide sur les épaules.

— Oui, mais moi, je ne suis pas soldat ; la guerre, je n’ai rien à y voir.

— Vous avez peur de mourir ?

— Non, pas trop.

— La voix vous tremble.

En effet, Pierre balbutiait plutôt qu’il ne parlait ; mais ce n’était pas la peur qui était la cause de cette émotion, c’était au contraire la joie, — une joie mêlée d’inquiétude, qui l’avait transformé tout à coup. En mettant la main à la poche de son gilet, il avait palpé quelque chose d’insolite et il lui était venu une idée, il s’était rattaché à une espérance ; pourvu que Zéméhul ne se décourageât pas,