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brun et un sourire qui faisait tourner la tête à tout le monde. Dolbret subissait son charme comme tout le monde, même il en souffrait sans se l’avouer ; mais il fut plus heureux que les autres, grâce à ses relations avec le capitaine comme médecin du bord, et il eut le privilège d’étudier l’énigme à son aise. Il ne tarda pas non plus à faire connaissance avec un jeune homme, John Stenson, envoyé à Durban par une grosse maison de commerce de Philadelphie, la « Waitlong and Stenson Sugar Co. », puis avec un homme d’église — un évêque protestant — Milord Horner, vers qui, probablement à cause de son ancien état, il se sentait attiré. Ce personnage était accompagné d’un « Dean » et de deux ministres. Ils étaient tous quatre de beaux hommes aux manières polies et distinguées.

Au bout de quelque temps la vie était devenue charmante pour le naufragé ; il ne regrettait plus du tout son escapade, car il avait gagné au change ; au lieu de voyager en compagnie de soldats grossiers et sans culture pour la plupart, il voyait des gens fort aimables et du meilleur monde. Quant à P’tit-homme, il était heureux. Sa « terrinée de bluets » avait déjà fait fortune parmi les hommes de l’équipage, et comme il parlait l’anglais très facilement, il ne s’ennuyait pas une minute ; il avait su gagner les bonnes grâces du capitaine en lui troussant quelques plats de son crû faisant heureusement diversion avec le menu ordinaire.

La tranquillité de Dolbret fut pourtant troublée par un incident apparemment sans importance. Comme on causait à table, quelqu’un lui demanda de raconter son histoire. Il s’exécuta de bonne grâce. Il dit comment il lui était arrivé de