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de se dire beaucoup de choses, et c’est grâce à ce commerce de tous les jours que José avait pu tirer de son ami ce qu’il savait. Maintenant il avait plus de loisirs et il passait de longues heures dans la cabine de l’Italien ; mais les confidences ne venaient pas assez vite à son gré et il n’avait pas toujours du nouveau à servir à son maître en même temps que le menu du jour. Il essayait de surprendre Frascani par des phrases dans le genre de celle-ci :

— Vous avez bien de la chance d’avoir rencontré un homme comme le Dean ; moi, je ne sais pas trop ce que je ferai, une fois rendu à Durban.

Puis d’autres fois :

— Croyez-vous que cela vous rapporte beaucoup, cette expédition ?

Et comme l’autre ne répondait pas ou hochait la tête :

— La lettre dit peut-être le chiffre de la somme.

— Je n’en sais rien, signor José.

Ce mutisme, évidemment voulu et calculé, décourageait José. Il commençait à regretter d’avoir mis Dolbret sur une piste impossible à suivre ; il se disait : « Je lui ai mis en tête une chose inutile en lui disant de tâcher d’avoir la cabine de monsieur Stenson. Il va certainement obtenir d’être mis dans cette cabine, mais il ne sera pas plus avancé. » José avait un air triste qui faisait pitié à voir. Et les jours se passaient ; il y avait déjà quelque temps que le bateau avait fait escale aux îles Saint-Vincent pour se ravitailler en charbon ; dans quinze jours on serait à Durban et le docteur ne serait pas plus riche qu’auparavant. Dans la pensée dé José, les millions du Dean devaient