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le bras transversal nord de l’Aysen ; il exécuterait un levé rapide des sources de ce fleuve, du Coihaike, du Mayo, du bras sud de l’Aysen qui pourrait bien être le Rio Huemules dont le cours supérieur était inconnu ; il s’avancerait le plus possible à l’ouest du lac Buenos Aires, étudiant au retour le coude du fleuve Fénix à Parihaike : vaste programme qu’il réalisa heureusement.

Ses observations coïncident avec les miennes et les complètent. Il examina l’Aysen jusqu’au point où il pénètre dans de profondes gorges où commencent les chaînes dont les sommets les plus élevés se trouvent plus à l’ouest ; il paraît que la vallée supérieure est froide en hiver et que la neige arrive à demi-mètre, mais les troupeaux trouvent de la nourriture et un abri dans les bois.

Arneberg reconnut ensuite le fleuve Coihaike à ses sources dans la moraine que j’ai déjà mentionnée. Il faut observer que presque toutes les sources des fleuves patagoniques, qui se déversent dans le Pacifique, se dirigent d’abord à l’est pour tourner brusquement à l’ouest, comme le Coihaike. L’explorateur descendit ce fleuve pendant deux jours, et, du haut d’une montagne, il put voir qu’il recevait du sud un autre cours d’eau, et qu’il tournait brusquement au nord. Il aperçut, à l’ouest de ce coude, le chaînon neigeux le plus élevé. Il atteignit, le 19 avril, le bras austral de l’Aysen, après avoir examiné les sources du rio Mayo dans les mêmes parages ondulés qui donnent naissance aux rios Goichel et Coihaike ; ces ondulations, constituées par des moraines, forment un réseau serré de sources entre ces deux derniers cours d’eau. Il étudia les origines de ce bras austral situé, comme il a été dit, près des sources qui alimentent la Laguna Blanca, et s’y arrêta quelques jours pour topographier cette région si intéressante. — Singulière séparation de systèmes hydrographiques opposés, me dit Arneberg, dans son rapport, que celle où l’on passe d’un bassin à l’autre sans apercevoir aucun changement de niveau, et cela dans la plaine, à une grande distance, à l’orient des Andes.

La vallée transversale pénètre jusqu’aux monts neigeux de l’ouest qui séparent le bassin de l’Aysen de celui du lac Buenos Aires, et sur tout le parcours l’explorateur remarqua d’excellents pâturages pour les troupeaux, et des endroits abrités aptes pour la culture. Il pénétra environ quarante kilomètras à l’ouest, en passant par des marais et des moraines, et en laissant au sud et au sud-ouest les sommets neigeux qui se rapprochent du fleuve jusqu’à ne former qu’une étroite gorge par laquelle celui-ci s’échappe avec rapidité.