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Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/28

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mation crétacée. Depuis cette hauteur (1970 m.), on domine l’orient et le nord, et l’on aperçoit un long bas-fond au nord du Payen, entre celui-ci et l’extrémité d’une chaîne longitudinale plus orientale. Mais on observe que les montagnes que nous traversâmes, deux jours auparavant, appartiennent à l’alignement du mont Butalo qui se prolonge par celui de Huircan dont nous côtoyons les flancs. Les scories arrivent jusqu’au pied des montagnes qui, sur ce point, sont formées d’une roche d’aspect porphyrique qui rappelle le Cerro Pan dans la Cordillère de Copiapo. Nous traversons deux ruisseaux, affluents du Rio Grande, séparés par de hauts côteaux et campons sur les bords de la rivière Calfuco ou Covunco (1600 m.), vallée étroite mais avec une belle végétation. Le jour suivant, 9 février, nous nous dirigeons vers le fleuve Barrancas ; au commencement le chemin passe par des terrains volcaniques, et ensuite par des formations sédimentaires avec inclusions volcaniques. À mi-chemin, s’élève un beau volcan qui a recouvert de scories le bas, qui fut, paraît-il, une ancienne lagune, et à l’est-nord-est et à l’est du Rio Grande se détache un autre beau volcan moderne, dont la base de roches stratifiées rappelle, en son ensemble, le Volcan Azufre de Copiapo, bien que ses proportions soient moindres.

Le fleuve Barrancas, c’est-à-dire, sa vallée abritée, est cultivée ; le blé et la vigne y viennent bien, ainsi que d’autres fruits. Pour arriver à ce fleuve, il faut traverser divers défilés dont la hauteur varie de 1500 à 1600 mètres, et le passage du fleuve se fait à 970 mètres. Les bas-fonds, entre les défilés, sont traversés par des ruisseaux qui se dirigent tous de l’ouest où l’est, vers le Rio Grande. Après avoir passé le fleuve Barrancas qui forme, avec le Rio Grande, le Rio Colorado, on remonte de nouveau sur de hauts côteaux avec des prés naturels, comme Ranquilco (1170 m.), et l’on arrive à l’établissement de don Benjamin Cuello (1390 m.) où nous campons cette nuit-là.

Les champs s’améliorent notablement, et l’on peut dire qu’ici commence la belle terre du Neuquen, si riche en promesses. À travers des campagnes ondulées, pâtureuses, nous continuons vers le sud le jour suivant, en traversant Butaco, crevasse au milieu de roches néovolcaniques (1890 m.), par où coule une grande rivière, et nous commençons la descente vers le majestueux Tromen, le volcan éteint le plus beau et le plus imposant de la région. Le terrain devient meilleur ici ; les champs que nous traversons sont les plus fertiles que nous ayons vus dans ce voyage. La lagune située au pied occidental du Tromen,