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avec le plan de distribution des forces militaires de la Nation, et il se trouve que celle-ci ne possède déjà plus une lieue de terre dans ces parages. Le soldat qui donna son sang pour délivrer du sauvage cette belle région doit payer une location pour le lieu où il dresse sa tente !

Plus loin, nous rencontrons l’endroit destiné à la colonie agricole et pastorale « Sargento Gabral » qui est destinée à récompenser le soldat qui voudrait se faire cultivateur ou berger, quand les années l’obligeront à quitter le service de la patrie. Là il n’y a pas un mètre carré profitable, pas même pour les chèvres ; en revanche, tout ce qu’il y a de bon autour de la Colonie a des maîtres.

À Ñorquin, il y a une extension de plus de trois lieues qui peut être arrosée, et il faut espérer qu’il ne s’écoulera pas beaucoup de temps avant qu’on colonise ce beau terrain dont l’irrigation est facile. Les forêts voisines fourniront en abondance d’excellents bois.

En passant le Rio Agrio, on pénètre dans une étendue de scories, de collines et de plateaux coupés par de profonds ravins par où courent, au milieu des arbres, de petits ruisseaux, affluents de l’Agrio, et dans le fond, on aperçoit les sommets neigeux des Andes par le Cajon de Trolope. Nous arrivons à l’Estancia « La Argentina », de création récente, qu’exploite déjà avec de gros bénéfices le propriétaire favorisé. L’Agrio, à cette hauteur, a perdu, grâce à ses affluents, l’amertume qui lui donna son nom, et qui est dûe à l’alun des volcans andins d’où il sort. Ayant besoin, pour mon projet, de me faire une idée des montagnes de l’ouest, je décidai que Wolff et Hauthal, depuis « La Argentina », suivraient cette direction et prendraient le chemin du fleuve Bio-Bio pour me rejoindre à Arco.

L’Agrio côtoie à l’orient une montagne qui se prolonge au nord par le Durazno, et dont font partie les chaînes de la Campana — Campana Mahuida — dont les richesses minérales sont inépuisables, au dire des habitants. Il ne m’est pas possible d’accepter ou de rejeter ces dires, mais je puis affirmer que dans cette chaîne intéressante on a découvert des minerais de plomb et d’argent et des couches de charbon. Les formations crétacées et jurassiques se présentent en épaisses couches fossilifères, tandis qu’à l’ouest ont disparu, paraît-il, les roches sédimentaires. La Cordillère des Andes, avec ses chaînes latérales, à l’occident de l’ancienne vallée longitudinale, sur le côté oriental de laquelle coule le Rio Agrio, est déjà formée de roches ignées plus ou moins modernes, et le gneiss se présente un peu plus au sud.