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Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/35

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Le Commissariat de Pino Hachado est situé dans le premier défilé du ravin dans un parage pittoresque et abrité (1340 m.).

Le jour suivant, nous vîmes de beaux paysages ; la forêt est très belle, la flore riche et utile ; les fraisiers commencent, et les pehuenes atteignent jusqu’à deux mètres de diamètre ; les chênes australs y dominent. Les montagnes coupées à pic montrent de gigantesques et merveilleux éventails en forme de feuilles de palmiers, formés par les laves quand elles se refroidirent en colonnes.

Même quand la roche des montagnes est volcanique moderne, nous rencontrons des blocs détachés de granit, vestiges de l’époque glaciaire. Nous suivons les gorges du rio Aichol jusqu’à la cime du chaînon qui sépare les eaux orientales de celles qui descendent au sud et au sud-ouest pour alimenter l’Aluminé. Dans cette chaîne nous n’avons aperçu ni arbres, ni arbustes, mais bien de beaux pâturages. Sa hauteur est relativement considérable (1670 m.). La gorge que nous descendîmes sert de lit à l’Arroyo Litran ; elle est plus large, aussi belle et fertile que l’antérieure, et débouche dans la vallée longitudinale ouverte, appelée du rio Arco, premier affluent nord de l’Aluminé. Près de ses sources, au pied du Mont Batea, est situé le Commissariat de l’Arco, parage que j’avais indiqué à Wolff et Hauthal pour nous y rejoindre. N’y rencontrant pas mes compagnons, je résolus de les y attendre et de profiter du retard pour parcourir les environs.

À un kilomètre au nord de ce point je trouvai dans un magnifique parc naturel, dont les massifs sont formés par des groupes d’araucarias et de chênes, et qui est limité à l’est par un pittoresque ravin boisé et tapissé de fougères, les sources les plus australes et orientales du Bio-Bio, ainsi que les plus boréales de l’Aluminé ; les gouttes que distille la roche parmi les racines des fougères glissent sur le pré doré et descendent, les unes à l’Océan Pacifique et les autres à l’Océan Atlantique (planche IV et V). Celui qui est accoutumé à considérer comme une barrière abrupte et colossale la ligne de partage des eaux continentales, et verrait ce tableau, éprouverait une profonde déception. S’il escaladait quelques mètres, jusqu’à dominer l’horizon au-dessus des cimes des pins qui ombragent ces sources, il apercevrait au loin, à l’occident, les sommets neigeux andins qui s’étendent depuis l’Isthme de Panama jusqu’au sud, et que les géographes de pacotille signalent en même temps comme étant la ligne de distribution des eaux du continent.

La rivière de l’Arco, vers ses sources, a une altitude de