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coteaux voisins de l’arroyo Butahuao, ils avaient atteint le sommet de la chaîne par la très belle et très fertile gorge de Yumu-Yumu. Cette zone montagneuse exige une étude détaillée de son orographie et de sa géologie, que je me promets de faire plus tard. Il y a là un plus grand développement des Andes dans le sens transversal, un groupement de massifs volcaniques, comme on le voit sur d’autres points de la Cordillère. Les roches indiquent un changement dans la formation géologique générale des chaînes plus au nord ; le gneiss, le granit, le porphyre apparaissent sous les roches néovolcaniques, et on n’y remarque pas de couches sédimentaires. En outre, ces chaînes qui s’abaissent vers le sud, dévient au sud-est, et je puis le dire déjà, ne correspondent pas, dans leur prolongation apparente, à la Cordillère des Andes ; mais quant à savoir si les montagnes qu’ont traversées mes compagnons doivent être considérées comme partie intégrante des Andes ou non, c’est là un problème qui ne pourra être résolu qu’après une étude détaillée de la région. Depuis la croupe du cordon indiqué qui sert de ligne de partage des eaux entre le Rio Agrio et le Rio Bio-Bio, on aperçoit à l’ouest une série de montagnes qui se dirigent au sud, puis au sud-sud-ouest avec une altitude plus grande que les chaînons de Yumu-Yumu, et tels que ceux-ci se présentent depuis la gorge (cajon) de los Burros, où coule la rivière du même nom, affluent du Rio Butahuao. Les eaux qui descendent à l’ouest alimentent la rivière Rahué qui est considérée comme un fleuve dès qu’elle reçoit les eaux de la rivière Putul, laquelle nait au pied des glaciers de la pittoresque dépression du nord, parmi les montagnes qui paraissent former là un grand nœud orographique. Le Rio Rahué se jette dans le Bio-Bio à la naissance, au nord de la belle vallée de Lonquimai, le joyau des vallées andines, au fond de laquelle serpente le Bio-Bio, parfois tranquille, et d’autres fois formant de brillantes écailles sur les pierres roulées et polies, quand son niveau diminue. Je le vis ainsi du haut du chemin de l’Arco : serpent colossal se tordant avec ses anneaux luisants dans les prés où les troupeaux de l’exode chilienne restauraient leurs forces épuisées dans la fuite rapide devant le spectre de la rapine argentine. Dans cette vallée se trouvent les ruines des fortins chiliens Lonquimai et Liucura, et les habitants racontent, avec plus ou moins d’exactitude, les chocs sanglants qui se produisirent, durant notre campagne contre les indigènes, entre les soldats argentins et chiliens qui considéraient chaque poste avancé sur le terrain d’opérations, comme appartenant — à