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Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/52

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Lafquen, doit, selon son opinion, être encore considéré comme un contrefort de la Cordillère des Andes ». Rien de plus erroné que cette affirmation. Il n’y a pas de chaînon qui se détache ainsi de la Cordillère, je puis l’affirmer, puisque j’ai traversé la région située au nord du Chimehuin, et je n’ai rien trouvé qui ressemblât à un chaînon. Les collines qui limitent à l’orient la large vallée du Chimehuin, qui n’est pas non plus « encaissée » entre des montagnes, comme le dit plus loin M. Fischer, sont parallèles aux Andes ; et le cerro volcanique du Perro, qui n’atteint pas une hauteur si considérable, est une montagne tout à fait indépendante de la Cordillère (planche XI). Des erreurs et des confusions, comme celles que l’on rencontre trop fréquemment dans la relation de M. Fischer, dont le texte n’est pas toujours d’accord avec la carte qui l’accompagne, égarent le jugement de ceux qui s’occupent de l’orographie andine et engendrent des doutes préjudiciables. Soutenir que Junin de los Andes est situé à l’intérieur de la Cordillère équivaut à affirmer que Osorno est au cœur des Andes. L’énorme amplitude latérale à l’orient qu’attribue à cette cordillère, dans sa relation et sur sa carte, le savant explorateur danois au service du Chili, ne correspond nullement à la vérité orographique, comme il me sera facile de le démontrer avec plus de développement dans une autre occasion.

Toute la région que j’ai traversée, ce jour-ci, n’offre aucune difficulté à la construction d’un chemin de fer, et ce que j’ai vu et observé depuis le Malleu jusqu’au Collon-Cura, où nous arrivons vers le soir, confirme de plus en plus ma croyance que la ligne ferrée la plus utile et la plus facile à établir entre l’Atlantique et le Pacifique, dans la région du Sud, sera celle du port San Antonio à Junin de los Andes et Valdivia. Je reviendrai sur ce point plus loin.

L’estancia Ahlenfeld (560 m.) est située prés du Rio Collon-Cura sur l’ancien chemin indigène, et j’y passai la nuit, parfaitement accueilli par son propriétaire.

Schiörbeck, Soot et Roth s’étaient déjà dirigés à Caleufu pour m’y attendre, et le jour suivant j’allai les y rejoindre.

La large vallée du Collon-Cura est aujourd’hui moins peuplée qu’il y a vingt ans, quand les tribus indiennes de Molfinqueupu y avaient établi leurs tolderias, mais il faut espérer que ses propriétaires actuels ne laisseront pas dans un tel abandon un si beau morceau de terrain. Le fortin Sharples est en ruines, abandonné, ayant terminé sa mission. Un souvenir à mon pauvre cousin Anselme Sharples, soldat par vo-