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sion du docteur Steffen) dit que « la vallée de Lee-Lee (Lelej) coupe un chaînon peu élevé dans la direction du nord-est pour se réunir bientôt à la vallée du Rio Chubut qui descend au loin du nord-ouest, encaissé entre des sommets dénudés de couleur plombée. La vue était interceptée dans cette même direction par l’imposante cordillère neigeuse dans laquelle M. Fischer crut distinguer les cimes caractéristiques du Centinela et de l’Observador, situées immédiatement au sud de l’embouchure et de la vallée du Rio Bodudahué ». Parlant de la même région, le second s’exprime en ces termes : « D’ici, un embranchement du chemin conduit à l’estancia Fofo-Cawello, sur la rive gauche du rio Chubut ; l’autre traverse des chaînes parmi lesquelles on distingue une colline plane, très étendue et stérile faute d’eau… De ce point se présente à l’ouest la Cordillère des Andes avec des crêtes très bizarres, et vers l’est les monts de Fofo-Cawello. Dans la cordillère, nous distinguons une grande ouverture par où doit se trouver un chemin aux canaux de Chiloé »[1].

J’ai fait ces citations pour signaler les différences qu’il y a entre les observations des deux explorateurs. Je ne m’explique pas comment M. Fischer a pu voir le rio Chubut descendre encaissé entre des sommets dénudés de couleur plombée là où M. Stange distingue une colline plane et plus étendue, depuis celle que présente à l’ouest la Cordillère des Andes. Comme il a traversé la région entre Lelej et Cushamen, il a dû voir, si d’épais brouillards ne lui ont pas masqué le paysage de l’ouest, une plaine morainique s’étendant des sommets d’Epuyen vers Fofo-Cahuallo, et formant toute la plaine nord-est de Lelej et celle de Cushamen et Quelujaguetre ; et forcément il n’a pu apercevoir le rio Chubut encaissé entre des montagnes, puisqu’il n’y a là pas d’autres élévations que la moraine basse à travers laquelle le fleuve s’est frayé un cours. Ces imperfections ou erreurs dans les observations de M. Fischer se répètent dans sa carte de la région où l’on a dessiné un haut chaînon, qui n’existe pas, au lieu de la plaine qui mesure des dizaines de kilomètres du nord au sud et de l’est à l’ouest. La grande gorge qu’a vue M. Stange correspond aux gorges d’Epuyen et du Puelo.

C’est à cette plaine glaciaire que je me référais en faisant la description de la plaine de même origine, située entre le rio Quilquihué et la rivière Chapelco ; ce phénomène se répète fréquemment vers le sud, comme je l’indiquerai plus loin.

  1. Expedición exploradora del Río Palena, Santiago, 1895.