Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

homme au monde cependant duquel il eût droit de réclamer bon conseil et secours.

Ce pleutre avait-il modifié sa manière d’être, depuis ces dernières années ? Il était infiniment probable que non, et une nouvelle confidence de son pupille risquait fort d’être accueillie de la même façon brutale que l’avait été la première. Pour répondre à l’aveu de cet amour qui le dominait tout entier, il prierait Darcier de ne pas le relancer et lui faire perdre un temps précieux à lire des balivernes.

Balivernes !… C’est ainsi que serait traité, par ce coffre-fort fait homme, le doux sentiment de l’éclosion duquel dépendait tout son avenir. Eh bien, il en courrait le risque, néanmoins.

Fernand ferma sa croisée et se fit apporter de la lumière. Se hâtant pour ne pas se donner à lui-même le temps de revenir sur sa détermination, il se mit devant son buvard et écrivit :

« Monsieur et cher tuteur,

« Il arrive dans ma vie une chose assez extraordinaire pour que je croie devoir, me départant en ceci de mes habitudes, vous en écrire quelques mots. Je sais d’ailleurs combien votre temps est précieux, et je m’efforcerai de n’en distraire à mon profit que le moins possible.

« Venu à Mondorf il y a plus d’un mois déjà, j’ai eu le bonheur insigne d’y rencontrer un médecin aussi plein de talent que de dévouement, qui a entrepris courageusement la tâche de me rendre la santé. Un mieux sensible s’est déjà manifesté dans mon état : j’aime à croire que vous serez enchanté