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d’hôtel : on s’attendait à le voir mourir à Mondorf et la perspective même en déplaisait à plus d’une des familles logées à l’hôtel. Ces prévisions pessimistes ne se réaliseront heureusement pas, car ce soir encore le docteur, qui s’entretenait avec mon père, lui annonçait la prochaine guérison de ce pauvre garçon.

« Pour tout te dire, j’en suis la plus heureuse du monde, mais ne me demande pas pourquoi, car jamais il ne me serait possible de t’expliquer mes sentiments à cet égard. J’ai eu toujours une grande estime pour ce malheureux jeune homme, qui depuis dix ans n’a pu profiter un seul instant des avantages que procure une belle fortune et un nom honorable ; je me suis apitoyée sincèrement sur son malheureux sort quand j’ai su qu’on le croyait incurable ; j’ai apprécié enfin, ce qu’elle valait, l’énergie extraordinaire dont il fait preuve pour supporter son mal et se plier aux exigences du médecin.

« Tels étaient mes sentiments à son égard, quand le hasard d’une promenade me l’a fait rencontrer dans le parc de l’établissement, et m’a procuré l’avantage d’une courte conversation avec lui. J’ai là acquis la preuve que ce jeune homme est doué d’une vive intelligence et d’un grand cœur : comment aurais-je pu lui refuser mon amitié quand il me l’a demandée ?…

« Eh bien, voici que M. Darcier va guérir. Je n’oserais te cacher, ma chère Rose, que j’appréhende quelque peu en ce moment les conséquences de mon attitude vis-à-vis de lui. Cette amitié que je lui ai accordée quand je le croyais moribond, je ne saurais évidemment la lui retirer à la nouvelle