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saviez quel besoin j’avais de vous entendre ! D’ailleurs, dès demain, je vous ferai tout visiter ici…

Et d’abord, il nous faudra voir de bonne heure M. le curé de Mondorf, je suppose ?

— Eh ! oui, certes, je désirerais lui être présenté dès avant qu’il ne dise la messe.

— Ce sera très tôt, alors : nous n’avons que le temps d’aller dormir si nous voulons ne pas manquer l’heure.

M. l’abbé Fleury, prévenu, fit tout préparer pour que le chanoine, M. Dubreuil et ses filles trouvassent à déjeûner chez lui, la messe finie. Deux prêtres en traitement à l’établissement des bains se trouvaient au presbytère, et assistèrent à ce premier repas, à la grande satisfaction de M. Liévin, qui reconnut en eux des hommes intelligents avec lesquels se pourrait nouer un commerce agréable.

Car il avait craint un moment, lorsqu’il s’était rendu aux instances de son ami le député, qui le sollicitait de venir à Mondorf, de s’y trouver dépaysé et d’y manquer de ces relations particulières dont un prêtre ne pourrait se passer sans faire un véritable sacrifice. Il ne s’était décidé pour la station de Luxeuil que précisément à cause de la certitude d’y retrouver un prêtre de ses amis : mais maintenant qu’il avait pu apprécier, dès la première conversation, le caractère de l’abbé Fleury et de ses collègues, il ne regrettait plus rien, il se félicitait au contraire d’avoir cédé à M. Dubreuil. Cette constatation l’ayant mis aussitôt de belle humeur, il ne put s’empêcher de le montrer, et sa conversation prouva dès lors à ses auditeurs que M. Dubreuil n’avait rien exagéré quand il avait parlé de lui comme d’un homme supérieurement doué.