Aller au contenu

Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 135 —

à quelque commère jalouse ou méchante. Mais, à laquelle ? Une commère jalouse ou méchante, c’est tôt dit ; mais Raymonde avait beau chercher autour d’elle, elle ne voyait personne à qui elle eût pu sûrement endosser la responsabilité du fameux compte-rendu.

Quant à M. Dubreuil, il avait été plus surpris que choqué : même il n’était pas loin de s’avouer quelque peu flatté de cette louange décernée à sa fille, d’autant qu’il la sentait absolument méritée. Mais qui l’avait écrite ?….

L’idée lui était bien venue de s’informer auprès du régisseur, qui d’ordinaire se chargeait de ces sortes de choses et qui aurait bien pu le renseigner. Mais il pressentit bien vite que M. Canon trouverait au moins étrange une pareille démarche, et il s’abstint.

Seul parmi tous les baigneurs, Darcier paraissait ignorer absolument que le compte-rendu, sorti de sa plume en une minute d’enthousiasme, eût produit un pareil bouleversement.

Avant de se diriger vers le coin de parc où il passait d’habitude la matinée, il était allé au salon de lecture, avait jeté un coup d’œil sur le journal auquel il avait envoyé sa lettre, autant pour s’assurer qu’on l’avait reproduite que pour relire son élucubration ; la constatation faite, il était parti sans manifester le moindre étonnement, persuadé toujours, son enthousiasme de l’avant-veille ayant persisté jusque là, qu’il n’y avait pas un mot à retrancher de ce qu’il avait écrit.

— Ceux qui ont entendu ce soir Mlle Dubreuil, disait le journal, garderont de cette voix et de ce talent incomparables un inoubliable souvenir…