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affliger le jeune homme, il expliqua toutes ces choses à Fernand. Mais celui-ci n’entendait pas se laisser décourager au premier mot. Le docteur ne connaissait pas suffisamment ses affaires, sa situation de fortune, l’honorabilité de sa famille et de sa maison ? Qu’à cela ne tienne, on le mettrait au courant. Et Fernand conta tout au long son histoire.

M. Petit, maintenant, n’avait plus guère d’objection sérieuse à faire à la proposition du jeune homme. Il restait bien encore la question de sa compétence à se charger d’une démarche qui aurait semblé devoir être réservée au tuteur de Fernand. La difficulté cependant n’était pas grave, et, comme l’avait dit Darcier lui-même, tout pouvait s’expliquer par la nécessité qu’imposait le prochain départ de la famille Dubreuil.

— Alors, vous acceptez, docteur ? demanda le jeune homme en tendant la main à M. Petit.

— Eh ! bien, oui ! répondit celui-ci. L’affaire est délicate, mais je ferai le possible pour m’en tirer à mon honneur… et à votre succès. Et maintenant, mon petit ami, je vous souhaite une bonne nuit ; bien calme qui vous repose de toutes ces émotions. Je me sens las moi-même et je vais me coucher. La nuit, dit-on, porte conseil…

Il serra la main de Fernand et s’éloigna dans l’obscurité.

Il est convenu de dire que ses amoureux ne dorment point. Fernand donna cette nuit-là un fameux accroc à la réputation de sagesse de cette maxime vulgaire : il dormit à poings fermés, sous l’influence du grand air respiré largement pendant la promenade, de la lassitude produite, en son corps convalescent, par les émotions qui l’avaient assailli et auxquelles il n’était pas habitué.