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les sinuosités qu’elles encadrent, avec une avancée formant plate-forme et observatoire. L’aspect général rappelait à Fernand la célèbre terrasse de Saint-Germain, près Paris.

— C’est la même amplitude d’horizon, pensait-il, la même poésie de l’au-delà ; mais la terrasse de Saint-Germain ne plane pas, comme ici, sur un contrebas vertigineux, elle ne surplombe pas cette profondeur inouïe où se développent, comme dans un mirage de féerie, les méandres onduleux des anciens fossés de Luxembourg.

C’était là en effet, à coup sûr, une des plus belles parties de la ville régénérée. C’est ainsi qu’au sortir du wagon, elle s’annonce au voyageur, brillante, parée, sous les armes, comme une grande dame qui veut plaire, et qui montre d’abord ses plus frais et ses plus riches atours.

Cependant Fernand avait continué sa flânerie et se trouvait maintenant devant la grille de l’église Notre-Dame. Et comme il songeait à y pénétrer, il en vit tout à coup sortir M. Dubreuil avec ses filles, suivi du Parisien inconnu. Il aurait voulu en ce moment être bien loin. Car s’il avait désiré voir Raymonde au bras de cet homme, il lui répugnait étrangement de se trouver en tiers dans leur compagnie. En l’apercevant, Raymonde avait pâli : le dépit sans doute d’être dérangée dans sa promenade par l’arrivée, toujours contrariante, d’un amoureux repoussé. Cependant il salua le plus courtoisement du monde et mit en souriant sa main dans celle que lui tendait M. Dubreuil.

— Par quel hasard heureux, dit celui-ci, nous rencontrons-nous à Luxembourg ?

— Mais, dit Fernand, un caprice, auquel j’ai