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XVII


Ainsi que venait de le dire M. Dubreuil, l’audience de la Cour d’assises avait été suspendue et ne devait être reprise qu’à trois heures. Le matin, dès l’ouverture des portes, une foule inaccoutumée avait envahi le prétoire : on n’était point habitué, dans ce pays de mœurs tranquilles, à voir comparaître devant les tribunaux, des criminels inculpés d’aussi atroces forfaits que celui dont la Zanetta avait à répondre aujourd’hui.

La trame cependant n’en était pas fort compliquée. Cette affreuse mégère faisait partie d’une bande de tziganes, d’un camp volant, comme on les nomme, qui lui obéissait et qui l’avait reconnue pour chef. La chose, dit-on, est commune et conforme aux mœurs de ces sortes de gens. Le camp s’était établi à proximité d’un village de la frontière, dans le pays vignoble : les gens qui le composaient, hommes et femmes, semblaient se livrer à la profession de vanniers ambulants, et chaque matin se répandaient par les localités environnantes, offrant en vente aux paysans des paniers et des corbeilles. On soupçonnait bien que ce commerce n’était qu’un prétexte cachant quelque industrie moins innocente, et la gendarmerie, prévenue de l’établissement du