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Une vaste salle carrée, aux murs blancs, percée de quatre larges fenêtres devant lesquelles les stores avaient été abaissés, comme pour empêcher le joyeux soleil d’y jeter un rayon de gaieté. Le long du mur de fond, l’estrade avec les sièges réservés à la Cour, à l’avocat général, au greffier. Au-dessus, se détachant brusquement sur la chaux blanche de la muraille, la croix noire d’un grand Christ aux bras étendus.

En leur qualité de docteurs en droit, M. Dubreuil et l’ami Florian avaient été accueillis avec empressement dans l’enceinte réservée aux membres du barreau : par discrétion cependant, ils étaient demeurés au dernier banc, les toilettes sombres des deux jeunes filles passant presque inaperçues.

La mise en scène du dernier acte du drame qui se jouait dans cette salle ne prit pas beaucoup de temps. L’institution du jury ne fonctionnant pas dans le Grand-Duché, il suffisait à la Cour de venir occuper les sièges encore vides et de faire entrer la criminelle.

Au banc de la défense, Me Meunier était assis devant un dossier très peu volumineux. L’affaire était d’une grande simplicité, et ce n’était point des éléments d’un dossier qu’il était possible d’extraire un plaidoyer capable d’influencer les juges, en faveur de la Zanetta. Il y fallait seulement une parole éloquente, capable d’émouvoir assez pour obtenir que la rigueur de l’arrêt fût mitigée.

Certes, personne mieux que Me Meunier ne possédait ce talent ; mais enfin, il était bien permis de douter qu’il eût victoire gagnée cette fois. L’évidence des faits était là. La femme criminelle avait avoué. Bien plus, son attitude depuis l’ouverture