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qui sanglotait maintenant, redoutant le malheur dont elle sentait vaguement la menace planer au-dessus d’elle.

La foule qui encombrait le prétoire devenait tumultueuse. Ne sachant ce qui se passait et n’ayant d’oreilles que pour le récit pathétique de la bohémienne, elle avait d’abord réclamé le silence par des chut ! prolongés. Mais ces sanglots maintenant persistaient et l’intérêt était déplacé peu à peu. Aussi quand la Zanetta s’interrompit, une bousculade se produisit dans le fond de la salle, les assistants qui étaient au dernier rang jouant des coudes pour percer la foule compacte et voir ce qui se passait. Des gros mots s’échangeaient, des cris de femmes à qui on écrasait les pieds perçaient çà et là, accompagnés des rires et des lazzis de ceux sur qui l’émotion n’avait pas prise.

Le président fit réclamer le silence en menaçant de faire évacuer la salle. Un calme relatif se produisit à cette menace. Et alors, la Zanetta reprit pour conclure :

— Tout à l’heure, tandis que mon défenseur parlait, mon regard a rencontré la physionomie du fils de mon malheureux maître. Le remords s’est réveillé en mon cœur et j’ai voulu tout dire.

Puis, se tournant dans la direction où Fernand pleurait, accablé, elle parut oublier un moment l’endroit où elle se trouvait. Se laissant tomber à genoux et tendant les mains dans un élan de passion tandis que les larmes ruisselaient sur son visage.

— Monsieur Darcier, dit-elle, ayez pitié, de grâce ! À la malheureuse femme égarée que la prison va prendre sans retour, à l’ancienne servante fidèle de