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pour moi tout l’attrait d’une gageure. Figurez-vous que ce nom du Grand-Duché de Luxembourg, je ne l’avais plus jamais prononcé, je crois bien, depuis que j’ai quitté l’école et fermé mon atlas. On a peut-être raison de définir le Français en général : Un monsieur qui ne connaît pas la géographie.

Or, ce soir, au dîner, c’est le Grand-Duché qui a fait tous les frais de notre conversation et c’est du Grand-Duché que l’imagination de ces demoiselles est remplie. La mienne aussi, je ne vous le cacherai point. Et voici que, tout à coup, mon ami Florian vous présente…

Connaissez-vous, Monsieur, la station de Mondorf-les-Bains ?…

Et comme le chargé d’affaires allait répondre, M. Dubreuil se tourna tout à coup vers son ami :

— Florian, dit-il, si tu veux être bien gentil et m’obliger vraiment, accepte la proposition que je vais te faire. J’ai ce soir quelques amis à qui j’offre sans façon aucune le thé et le cigare. Sois des nôtres et, pour mettre le comble à ton amabilité, dis à Monsieur Vanier combien je serai charmé qu’il me donne aussi cette soirée.

Le chef de bureau ayant accepté, M. Vanier s’inclina.

— Je suis trop honoré, Monsieur, de la gracieuse invitation que vous voulez bien me faire pour ne pas m’y rendre avec empressement ; je ne quitterai donc pas mon ami.

Sans plus s’attarder, car huit heures venaient de sonner au clocheton du Comptoir européen, M. Florian offrit galamment le bras à Raymonde, qu’il connaissait depuis de longues années et qu’elle traitait en ami de la maison. Puis on se mit en marche, M. Dubreuil venant derrière avec M. Vanier.