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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/290

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« Soudain, car ce fut en véritable coup de théâtre, la bohémienne raconta que le père de l’enfant volée par elle étant devenu fou, elle avait désespéré d’en obtenir la forte somme qu’elle se promettait de lui extorquer pour la rançon de l’enfant, et que, pour se débarrasser de la dangereuse présence de celle-ci, elle l’avait abandonnée, un soir de l’automne 1877, sur la grande route… près de Beautaillis….

« Comprendras-tu jamais notre épouvante, Rose ? L’enfant volée, c’était la pauvre petite trouvée par mon père, c’était Marcelle, la sœur de Fernand, Marie Darcier !… Je ne saurais te dire les transes par lesquelles nous passâmes durant ces trois jours, car il nous fallut attendre trois jours pour que Fernand se remit de ce coup, de cette émotion qui l’avait terrassé.

« C’est ce soir même que tout s’est arrangé. Quand notre petite Marcelle a compris qu’on allait la séparer de nous et la rendre à son frère, elle a demandé à Fernand de me prendre avec elle. Il en mourait d’envie, le pauvre ami ! Mon père souhaitait de son côté cette solution : il nous bénit et nous avons scellé nos fiançailles.

« Surtout, ma bonne Rose, ne va pas te chagriner de cet événement qui nous réjouit. Fernand est orphelin et, en me donnant son nom, il ne m’impose pas de famille nouvelle. Nous restons ensemble, comme nous l’étions auparavant, mon père et Marcelle, et toi, ma bonne dévouée : avec Fernand en plus, le frère de Marcelle et mon mari…

« Qui aurait pu jamais croire que mes plus chers vœux seraient un jour réalisés ainsi, à l’entière satisfaction de tous ceux que j’aime ?…

« Mais il est temps de terminer ma lettre, Rose,