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Raymonde et Marcelle furent, elles aussi, enchantées, dès le premier regard, du nouvel ami de leur père. À peine les premiers compliments échangés, il leur semblait qu’elles connussent depuis toujours ce charmant homme, dont l’accueil gracieux était un heureux présage. Elles prirent un plaisir extrême à le suivre à travers la ville, à entendre les explications qu’il donnait, à admirer avec lui les sites merveilleux qui font à Luxembourg une si pittoresque ceinture. Ah ! la jolie cité, tout animée du besoin d’oublier les pesantes murailles de l’enceinte qui l’étouffait jadis, tout occupée de s’étendre et d’atteindre la verdoyante campagne dont si longtemps l’avaient séparée ses fossés, hérissés de fer et de mitraille. Dans les somptueux jardins qui la prolongent vers le plateau, on dirait qu’une fée a semé en passant les bijoux de la plus élégante architecture : les villas sortent de terre comme par enchantement, aux endroits délicieux où les plantations attendent de pouvoir leur faire un cadre de souriante verdure.

Tandis qu’on traversait le parc splendide qui abrite la ville contre les vents du nord, les deux fillettes ayant pris l’avance en babillant, leur père écoutait attentivement les détails que M. Pauley lui donnait sur le pays, sa population, ses mœurs, ses ressources. Puis vint l’exposé, fait pour intéresser tout particulièrement le député, du mécanisme gouvernemental et législatif régissant le Grand-Duché. La conversation durait encore que déjà l’on était arrivé, par les boulevards, jusqu’à la majestueuse perspective du viaduc jeté sur la Pétrusse.

Alors, tout à coup, l’aspect changea comme au coup d’une baguette magique. On suivit un dédale de tortueuses ruelles débouchant de l’autre côté de