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maintenant que nous ne sommes plus contraints à la tyrannie de l’heure fixe, nous pourrons achever notre promenade à l’aise.

On termina le plus agréablement du monde cette première journée passée dans le Grand-Duché. Mais on abrégea la soirée. Le voyage de la veille et celui du matin, puis ces courses interminables à travers la ville avaient harassé les fillettes : leur robuste père lui-même se sentait le besoin d’un sommeil réparateur…

Le lendemain de bonne heure, comme ils achevaient de déjeuner, un domestique vint prendre M. Dubreuil et ses filles pour les conduire dans une maison de la place Guillaume, où une fenêtre leur avait été réservée par les soins de M. Pauley. Quand ils y furent installés, la croix qui venait en tête de la première procession se montrait au détour d’une rue voisine, suivie des confréries, du clergé, des pèlerins, dont les deux interminables files allaient se développer sur la place.

Un groupe de chanteurs avait entonné un hymne religieux : les phrases puissantes du plain-chant grégorien se suivaient sur un rythme lent, que hachait de son martèlement monotone le rosaire récité à haute voix par la foule. Puis déjà s’entendait dans le lointain l’accord d’une fanfare, interrompu presque aussitôt par la volée d’une cloche de l’église voisine, ou couvert par le bourdonnement puissant des conversations de la foule qui se pressait sur la place.

Cette foule aussi était fort curieuse à voir, dans son air recueilli de piété naïve : les hommes, le front découvert sur le passage de la procession, formaient la haie, silencieux et pensifs ; les femmes,