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— Et c’est bien loin, Echternach, dis, petit père ?…

— Non, chérie. Nous partirons lundi soir pour Luxembourg, où nous passerons la nuit. Mardi, à six heures du matin, un des trains spéciaux, organisés en vue de l’affluence des pèlerins, nous emmènera vers Echternach où nous arriverons avant neuf heures, pour assister au commencement du défilé.

— Oh ! dit encore Marcelle, comme je voudrais bien être à mardi déjà…

Puis elle disparut en courant vers le parc, où elle allait reprendre ses jeux et annoncer cette grande nouvelle à ses amies, faisant involontairement naître ainsi de grandes jalousies.

Un soleil radieux illuminait le ciel quand, le mardi suivant, M. Dubreuil et ses filles s’installèrent dans le train qui les emmenait faire leur court voyage. La gare fourmillait de monde. Des groupes venus là des localités de la frontière belge et de la frontière française s’appelaient, s’inquiétaient des heures de départ, se querellaient au sujet d’un bagage oublié. Les employés des chemins de fer, polis, serviables ici peut-être plus que partout au monde, s’empressaient, apaisant les turbulences, rassurant les inquiétudes. Un long sifflet de vapeur vibra enfin sous les marquises vitrées de la gare, et le train partit.

Ah ! l’adorable pays qu’on traverse pour faire ce trajet entre Luxembourg et Echternach. Aux portes de la ville, la voie court sur des viaducs hardis d’où l’on découvre, l’espace d’un moment, d’inoubliables panoramas, puis s’engage dans une crevasse de rocs, tunnel sans voûte dont le creusement a coûté de