Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/103

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Dans sa théorie de l’échange il commence par faire ressortir que la valeur (d’échange) d’un produit est essentiellement relative, « qu’elle n’exprime rien d’autre qu’un rapport », d’où il est conduit à poser en principe que « la clé de voûte de toute la théorie de l’échange et des principaux problèmes de l’Économique se trouve dans la proposition suivante : Le rapport d’Échange de deux produits quelconques sera inversement proportionnel aux degrés finals d’utilité des quantités de produits disponibles pour la consommation, après que l’échange est achevé »[1] ; ce qui revient à dire que l’échange s’établira de telle sorte que l’une des parties nait plus le désir d’acheter ni l’autre de vendre davantage. Et, en effet, il suffit de traduire en symboles cette proposition pour obtenir un système de deux équations permettant de déterminer les deux inconnues du problème de rechange, dans le cas particulier où le marché est limité à deux trafiquants et deux produits (Cf. III, I, 1). Jevons ne borne d’ailleurs pas à ce cas particulier son étude de l’échange. Après avoir ainsi établi la condition de satisfaction maximum et en avoir déduit la formule du partage individualiste, — tandis que Gossen, laissant de côté la condition d’égalité de l’offre et de la demande, avait plutôt envisagé le partage communiste, — il s’est efforcé d’étendre son principe à un marché plus complexe. Abordant le cas où trois échangistes possédant chacun un produit se trouvent en présence sur un marché, il s’est attaché à faire ressortir que quel que soit le nombre des trafiquants, il suffit de décomposer l’ensemble des opérations en échanges simples pour obtenir autant d’équations que le problème renferme d’inconnues, chaque échange donnant naissance à deux équations suffi-

  1. Théorie, ch. iv, p. 163.