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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/108

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c’est le professeur Alfred Marshall de l’Université de Cambridge. On ne saurait guère à la vérité classer M. Marshall parmi les fondateurs de l’économie pure, dont l’étude fait l’objet de ce chapitre, mais comme il est le chef incontesté de l’école anglaise, à laquelle Jevons a imprimé une impulsion nouvelle, nous croyons tout indiqué de lui donner ici une place qu’il nous serait difficile de lui attribuer ailleurs, car, toutes proportions gardées, il y aurait plutôt lieu de le rapprocher de Whewell que des auteurs que nous rencontrerons par la suite, étant donné qu’il n’a fait appel aux mathématiques qu’à titre tout à fait subsidiaire. Il s’est en effet interdit de leur faire jouer le seul rôle qui justifie pleinement leur emploi en économie politique : celui d’auxiliaire puissant permettant d’élucider, après les avoir convenablement débarrassées des circonstances accessoires, les questions trop complexes pour être abordées utilement avec la logique ordinaire ; et cela parce qu’il a entendu envisager immédiatement le phénomène économique dans tous ses détails, au lieu de commencer par en abstraire les éléments essentiels pour les analyser séparément, ainsi que l’on procède en mécanique, par exemple ; de telle sorte qu’il s’est trouvé en présence d’un mécanisme tellement compliqué qu’il n’a pu songer à l’étudier avec le concours des procédés de l’analyse mathématique.

C’est ainsi que ses Principles of economics[1] se présentent sous la forme d’un exposé littéraire des doctrines

  1. Londres (5 éd. : 1890, 1891, 1895, 1898, 1907). Trad. franç. par MM. F. Sauvaire-Jourdan et F. Savinien Bouissy, sous le titre Principes d’économie politique, Paris (1907-1909).