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PREMIÈRE PARTIE

Opportunité de l’emploi des mathématiques en économie politique.


On est toujours tenté de dire à ceux que l’on voit s’engager dans des considérations a priori sur les qualités de telle ou telle méthode (μετὰ, ὁδός) : « Peu m’importent vos bonnes raisons, montrez-moi les résultats que vous avez obtenus et je verrai bien si vous avez suivi une bonne voie ». Cependant nous ne croyons pas inutile de reprendre une fois de plus la question des méthodes appropriées aux recherches économiques, non certes pour établir la supériorité de l’une d’elles, car loin de s’exclure les divers procédés d’investigation doivent au contraire se prêter un mutuel appui, mais précisément pour montrer que les mathématiques, elles aussi, ont un rôle à jouer dans l’édification des sciences sociales. Se trouvant encore dans la période analytique qui, pour tout ordre d’étude, précède la période synthétique où il devient possible de dégager des résultats pratiques dont chacun peut reconnaître la valeur, l’économie politique ne fournit en effet que des matériaux scientifiques dont l’appréciation exige des connaissances techniques, tout à la fois mathématiques et économiques, lorsqu’il s’agit de théories mathématico-économiques. Or, dès l’instant où la connaissance préalable des mathématiques n’est pas considérée comme