Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/113

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de la faiblesse des ressources qu’un économiste avisé, fut-il doublé d’un mathématicien averti, peut trouver dans cette voie. Or, si M. Marhiall n’a rencontré qu’un médiocre concours dans l’emploi des mathématiques, c’est qu’il ne lui en a pas demandé un plus efficace parce qu’il n’a pas estimé qu’à côté de l’économie appliquée il y avait place pour l’économie pure. On ne saurait donc voir dans ses explications que la manifestation d’une simple opinion relative à la consistance de la science économique, sans pouvoir y trouver, ainsi que l’on a vainement tenté de le faire, une preuve irrécusable de la faillite de l’emploi des mathématiques dans son édification, sans compter qu’il serait quelque peu étrange de rechercher cette preuve chez un auteur qui se réclame lui-même des idées de Cournot et de von Thünen.

§ 4. — Léon Walras.

Tandis que Gossen et Jevons peuvent être considérés comme les fondateurs de l’économie pure, parce que, les premiers, ils ont établi le principe de l’utilité finale qui a fourni, non pas sans doute la charpente de cette science puisque, comme nous le verrons, M. Pareto est parvenu à l’en affranchir, mais du moins l’échafaudage qui a permis de l’édifier, Walras en est le véritable créateur, car c’est lui qui l’a construite et si solidement que, jusqu’à ces derniers temps, ses successeurs se sont bornés à en modifier l’aménagement intérieur sans avoir à retoucher le gros œuvre. L’œuvre économique de Walras n’est d’ailleurs pas limitée à l’économie pure, elle embrasse l’étude de toute la partie économique de la science sociale ; mais comme il a pris soin de diviser lui-même cette étude en trois parties, ayant respectivement pour objet l’économie politique pure, l’économie