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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/129

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il a introduit dans la science pure certaines notions qui sont restées à la base des œuvres les plus modernes, notamment la notion de dépendance des consommations d’où résulte le remplacement de la courbe de l’utilité par une surface dans le cas de deux biens, et par une variété de l’hyperespace dans le cas d’un plus grand nombre de biens (Cf. III, IV, 2 et 3). Et, en outre, il semble être le premier à avoir eu des idées d’ensemble sur le phénomène économique général non seulement sous un régime de libre concurrence absolue, mais aussi sous un régime de concurrence limitée ainsi que dans les divers cas de monopole[1].

Dans l’étude de la libre concurrence absolue, partant de ce principe que la réalisation du maximum d’utilité possible pour chacun des contractants est à la base de toutes les transactions, M. Edgeworth a été naturellement amené à représenter l’équilibre de l’échange par des équations équivalentes à celles de Walras : par contre, ses conceptions relatives à l’équilibre économique général sont quelque peu différentes de celles du professeur de Lausanne en ce sens que, à côté de la concurrence commerciale, étudiée par Walras, il a envisagé ce que Cairnes a appelé[2], par opposition à celle-ci, la concurrence industrielle.

Il existe en effet entre ces deux régimes une différence profonde, provenant de l’existence de cette sorte d’utilité négative de certains biens économiques, que Jevons a désignée sous le nom de désutilité (disutility)[3].

  1. Notons de plus que M. Edgeworth a rédigé dans le Dictionary of political economy de R.-H. Inglis Palgrave (Londres, 1894-1896), un certain nombre d’articles relatifs à l’économie mathématique et aux économistes mathématiciens.
  2. Cf. Sidgwick, Political Economy, B. II, ch. i.
  3. Théorie… [p. 91], ch. iii, p. 119.