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CHAPITRE PREMIER

Justification de l’emploi des mathématiques en économie politique.


§ 1. — Les mathématiques sont appropriées aux études économiques.

Les mathématiques sont, d’après d’Alembert, « la science qui a pour objet les propriétés de la grandeur ». Or, les études économiques, en tant que distinguées des études sociales, portent constamment sur des questions de plus ou de moins, c’est-à-dire de quantités. Aussi, jusqu’à ces derniers temps, la plupart des auteurs qui ont voulu justifier l’emploi des mathématiques en économie politique ont-ils argué de ce fait que cette science traite de quantités. À la naissance même de l’économie mathématique, Gianmaria Ortes, le plus illustre des économistes vénitiens du temps passé, suivant Cossa[1], a défendu l’usage du calcul, auquel il recourait dans ses recherches économiques, en affirmant que l’insuffisance et l’inexactitude des conclusions de nombreux économistes proviennent de ce qu’ils n’ont pas fait usage de la géométrie[2] « qui seule peut con-

  1. Histoire des doctrines économiques, trad. A. Bonnet, Paris, 1899, Part. II, ch. vii, § 6.
  2. On sait que le terme « géométrie » a servi jusqu’à une époque assez récente à désigner l’ensemble des mathématiques pures.