Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/142

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teur ajoute à titre de justification : « En écrivant ces lignes, nous avons sous les yeux deux tentatives d’applications de ce genre. La première consiste en un très volumineux et superbe traité allemand : Untersuchungen über die Théorie des Preises (Recherches sur la théorie des prix) par MM. Rudolf Auspitz et Richard Lieben [Leipsig verlag von Duncker et Humblot, 1889]. Il y a étonnamment d’ingéniosité et de science dépensées dans ce gros volume qui foisonne de figures géométriques et algébriques très compliquées. On y étudie successivement la courbe de l’utilité, celle des frais de production (die Kurven der Nützlichkeit, der Herstellungs kosten, etc.), leur concavité, leur convexité (Konvexität jeder Kurve, Konkavität jeder Kurve) les contre-courbures, etc, (Gegenkrümmungen) : tout cela et toutes ces combinaisons se poursuivent pendant 555 pages.

« Nous rendons justice à toute la patience et à toute la subtilité des auteurs qui se réfèrent pour l’établissement de leur théorie à Jevons, à Walras et aussi à l’école psychologique autrichienne. Nous sommes fâché d’être obligé de dire que, à notre sens, il n’y a aucun enseignement à tirer de semblables grimoires »[1].


Pour en terminer avec l’œuvre de MM. Auspitz et Lieben, il nous faut signaler une polémique qui s’est élevée à son occasion entre ses auteurs et Walras. Dans la préface de leur ouvrage, les deux économistes autrichiens, faute d’avoir prêté une attention suffisante à ce fait que la théorie géométrique de l’échange de Walras était limitée à un marché ne comportant que deux produits, n’ont pas craint de prétendre que le professeur de Lausanne faisait appel à des hypothèses contradictoires ; celui-ci leur répondit en publiant dans la

  1. Traité… [p. 33], t. I, ch. iv.