Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/16

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desquels on ne peut guère espérer tirer les éléments de la physiologie économique[1], encore que cette science doive être capable d’expliquer les anomalies qu’ils présentent. Les seules données dont un économiste scientifique ait à faire état sont celles qui correspondent non pas à des phénomènes exceptionnels, mais à des phénomènes moyens qui, comme tels, sont régis par la loi des grands nombres et ne subissent que des variations que l’on peut pratiquement, ainsi qu’on a coutume de le faire dans les sciences physiques, considérer comme continues[2].

Et, d’autre part, les variations subies simultanément par plusieurs phénomènes ne sont pas indépendantes, elles sont liées les unes aux autres, elles sont fonction les unes des autres. C’est là un fait extrêmement important dont nous ne faisons qu’indiquer ici l’existence, parce que nous aurons l’occasion d’entrer ultérieurement dans de plus amples développements à son sujet pour montrer la nécessité de l’emploi des mathématiques en économie politique.

Or, les deux concepts fondamentaux qui sont à la base de toute l’analyse mathématique sont précisément la notion de continuité et surtout la notion de fonction[3], et l’on peut dire que ces deux notions constituent l’essence même de cette science, de telle sorte que non seulement les procédés analytiques sont applicables à toutes les questions dont les éléments sont susceptibles de subir des variations continues, fonctions

  1. Cpr. A. Marshall, Principes… [p. 100], liv. V, chap. ii, § 2 note, et préf. de la 5e éd., App. C, p. 636.
  2. Cf. Irving Fisher, Mathematical Investigations… [p. 136], part. I, ch. i, § 13, et V. Pareto, Manuel… [p. 143], ch. iii, §§ 65 et s.
  3. C’est ainsi que M. Émile Picard constate, dans son ouvrage sur La science moderne… [p. 31] ch. II, div. i, que toute la science mathématique repose sur l’idée de fonction.