Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/18

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ciale peuvent être envisagés comme des problèmes de maximum, ainsi que l’a fait remarquer M. Winiarsky[1]. Or, l’étude de toutes les questions de maximum relève essentiellement de la discipline mathématique, comme s’en rendait déjà compte Malthus lorsqu’il écrivait que « bien des questions de morale et de politique semblent être de la nature des problèmes de Maxima et de Minima dans les variations ; dans lesquels il y a toujours un point où un certain effet est plus grand, tandis que de part et d’autre de ce point il diminue progressivement »[2]. L’économie politique présente d’ailleurs avec la mécanique de nombreuses analogies à l’existence desquelles — depuis que Jevons a établi son fameux parallèle entre la théorie de l’équilibre d’un levier et celle de l’échange de deux marchandises entre elles[3] — tous les partisans de l’emploi des mathématiques se sont référés en commençant par établir une correspondance entre certaines données mécaniques et certaines données économiques[4] pour en déduire ensuite des principes économiques — analogues aux grands principes mécaniques, tels que celui des vitesses virtuelles[5] — dont l’application venait corroborer leurs théories. Du reste, ce rapprochement de l’économie politique et de la mécanique n’offre pas seulement la possibilité de faire ressortir la légitimité de l’emploi des mêmes procédés d’investigation (ce qui ne serait en

  1. Dans une étude sur La méthode mathématique dans la sociologie et dans l’économie politique, publiée dans le numéro de décembre 1894 de la Revue socialiste.
  2. Passage cité par W. St. Jevons dans Théorie… [p. 91], préf. de la 2e éd., p. 23.
  3. Théorie… [p. 91], ch. iv.
  4. Voir les tableaux en deux colonnes dressés par MM. Irving Fisher (Mathematical investigations… [p. 136], part. II, ch. iii, § 2) et V. Pareto (Cours… [p. 143], vol. II, no  592, p. 12).
  5. Cf. Vito Volterra, Discours d’ouverture de l’Université de Rome en 1901.