Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/27

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plongée dans une demi-obscurité, elle permet de distinguer un plus grand nombre de points parce qu’elle assure la vision à une plus grande distance. La seconde, c’est qu’elle met à la disposition des chercheurs toute une réserve de force vive sous la forme de l’admirable appareil mathématique « créé à travers une longue suite de siècles, par l’énergie accumulée des génies les plus subtils et des esprits les plus sublimes qui aient jamais existé »[1]. Voici en effet, par exemple, d’après un mathématicien éminent, comment il est devenu possible grâce aux procédés du calcul intégral de pénétrer la substance des phénomènes naturels.

« Les phénomènes naturels, de quelque espèce qu’ils soient, se présentent au premier abord avec une apparence complexe. Celui d’aujourd’hui est la conséquence de tous ceux qui ont eu lieu dans le passé. Les modifications qu’on vérifie en un point de l’espace sont liées à celles que l’on vérifie dans tous les autres endroits. Vouloir découvrir d’un seul coup ces lois cachées, vouloir les dominer et les embrasser toutes d’un seul regard, c’est là une œuvre qui, au premier abord, semble non seulement difficile, mais impossible, bien qu’elle paraisse indispensable pour se former une idée complète des phénomènes. »

« Comment la méthode infinitésimale réussit-elle à débrouiller un tel cahos, qui nous entoure de toutes parts et semble défier tout effort pour l’analyser ? »

« Imaginons la succession des événements dans un temps infiniment court et dans un espace également infinitésimal. Il devient alors possible de distinguer dans les changements des éléments variables des parties prédominantes de celles qui sont négligeables. On

  1. V. Volterra, Les mathématiques dans les sciences biologiques et sociales, dans la Revue du mois, numéro de janvier 1906, p. 2.