Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

littéraires, en tant qu’ils se sont occupés de théories générales, peuvent par conséquent être considérées[1] comme des tentatives de résolution d’équations simultanées avec les seuls moyens du langage vulgaire, ce qui est impossible, à moins de réduire, par des hypothèses plus ou moins appropriées, le nombre de ces équations à un ou deux, au risque de n’en avoir qu’une pour déterminer trois inconnues, comme cela se produit dans certaines théories de la répartition.

Et il apparaît ainsi nettement que du fait de la mutuelle dépendance des phénomènes envisagés, l’emploi des mathématiques est absolument indispensable pour aborder l’étude du monde économique dans son entière complexité.


§ 4. — L’école de Lausanne.

Si, jusqu’à présent, nous avons évité d’employer l’expression de « méthode mathématique », c’est qu’il n’y a pas « une méthode mathématique qui s’opposerait à d’autres méthodes »[2], mais simplement « un procédé de recherche et de démonstration qui vient s’ajouter aux autres ». Aussi est-il quelque peu gratuit d’englober, ainsi qu’on a accoutumé de le faire, sous un nom générique, celui d’École mathématique, tous les auteurs qui ont fait appel aux mathématiques dans des études économiques. Le seul fait de recourir à l’emploi des mathématiques pour étudier les questions les plus disparates n’est en effet guère plus de nature à créer un lien entre ces auteurs, aux opinions parfois diamétralement opposées, que n’était de nature

  1. Cf. V. Pareto, Manuel… [p. 143], ch. iii, passim.
  2. V. Pareto, Manuel… [p. 143], ch. iii, § 3.