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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/60

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fourni la matière des découvertes qu’on ne saurait leur contester. Aussi, la véritable conquête des économistes mathématiciens consiste-t-elle à avoir su donner, pour la première fois, une représentation sinon détaillée du moins rigoureuse de l’équilibre économique, c’est-à-dire une notion générale du phénomène économique pris dans son ensemble. Et l’on peut même soutenir que cette conquête comprend et résume toutes les autres, car, il ne faut pas s’y tromper, — ceci soit dit pour répondre à certaines objections — pour que l’étude d’une question puisse être considérée comme complète, il n’est nullement nécessaire d’avoir substitué des énoncés synthétiques à la représentation symbolique des rôles des divers éléments qui y interviennent : quand on nous dit en physique, pour prendre un exemple très simple, que le volume V, la pression P et la température T d’une masse gazeuse déterminée sont liés par une relation PV = RT, R étant un coefficient donné, nous ne demandons pas à en savoir davantage. Mais les économistes mathématiciens ne se sont cependant pas bornés à poser les équations exprimant les conditions générales de l’équilibre économique ; s’ils n’ont pas essayé de procéder à une résolution qui aurait été aussi impraticable eu égard au grand nombre de ces équations, que dénuée d’intérêt étant donné qu’ils n’entendent pas aborder les problèmes pratiques, ils ont toutefois dégagé de la considération de ces équations diverses conséquences, qui constituent des résultats nouveaux, tels qu’en réclament les économistes littéraires, bien que certaines d’entre elles aient été pressenties par avance, car il ne faut pas oublier, ainsi que le fait observer Walras, que « affirmer une théorie est une chose, la démontrer en est une autre »[1].

  1. Éléments… [p. 106], 40e leç., § 370.