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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/63

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Certes, l’économie mathématique est encore bien loin d’avoir atteint son plein développement, car des deux grandes parties de l’économie pure : la statique économique et la dynamique économique[1], non seulement la dynamique n’existe quant à présent qu’à l’état embryonnaire, mais en outre la statique elle-même présente encore bien des lacunes, ne serait-ce que sous la forme de ces fonctions indéterminées dont on a parfois reproché aux économistes mathématiciens de se montrer trop prodigues[2]. Mais ce n’est pas là un état de choses qui doive être considéré comme de nature à jeter le discrédit sur l’économie mathématique si l’on songe à la lenteur avec laquelle se sont développées toutes les sciences mathématiques, et en particulier l’astronomie, à laquelle nous aimons à nous référer parce qu’elle constitue, ainsi que nous l’avons déjà dit, la plus parfaite de ces sciences, et si l’on se souvient, comme le rappelle à ce propos le fondateur de l’économie mathématique, que « l’astronomie de Kepler et la mécanique de Galilée ont mis de cent à cent cinquante ou deux cents ans à devenir l’astronomie de Newton et de Laplace et la mécanique de d’Alembert et de Lagrange »[3]. Du reste, pour n’en

  1. Sur la subdivision de l’économie pure en statique économique et dynamique économique, voir notamment V. Pareto, Manuel… [p. 143], ch. iii, §§ 7 et 8, et I. Fisher, Mathematical investigations… [p. 136], App. II, § 5. La nécessité d’étudier la dynamique économique à côté de la statique avait d’ailleurs été indiquée dès la naissance de l’économie mathématique par W. St. Jevons, au début de la préface de sa première édition de sa Théorie[p. 91].
  2. Il y a cependant lieu de noter que l’on peut fort bien concevoir la détermination des fonctions d’utilité ou mieux des fonctions indices qui constituent en dernière analyse ce que le professeur I. Fisher a appelé à juste titre les formules résiduaires (residuary formulas). Cf. I. Fisher, Mathematical Investigations… [p. 156]. Part. II et V. Pareto, Encyclopédie… [p. 149], §§ 2 et 3.
  3. L. Walras, Éléments… [p. 106], préf. p. xx.