Page:Morice - Demain, 1888.djvu/34

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— « Soyons simples », dites-vous encore ; Ici, et pour conclure, laissez-moi vous demander, Monsieur, ce que vous entendez par la simplicité. Dans les besognes écrites auxquelles la vie réduit ceux d’entre nous qui ne sont pas nés avec des rentes ou qui n’ont pas su les garder, nous n’ignorons pas ce qu’il faut, improprement d’ailleurs, entendre par simplicité : c’est le fameux « style coulant ». Vous ne parlez pas de cette simplicité-là. M. Zola est-il simple ? Vous l’estimez vulgaire. M. Daudet ? Il est fait de petits artifices. « Être simple, c’est parler pour être entendu. » — De qui ? — « De beaucoup. » — Mais encore, de qui ? Le public et les poètes ne suivent guère le même chemin. De lui à nous, l’écart s’accentue sans cesse : et veuillez le remarquer, notre langue même, si nous la gardons pure, l’éloigne de nous, car il a peu à peu perverti l’instrument merveilleux et ne sait plus guère se repaître que de termes