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qui tantôt se résistent l’un à l’autre et se disputent la vie de l’homme et l’œuvre du poète, tantôt se cèdent mutuellement pour se succéder selon l’ordre le plus naïvement arbitraire, tantôt enfin se réconcilient dans l’amour de cette nature où transparaît Dieu.

Mais ils sont tous les deux également sincères, sincères jusqu’à la pratique de leurs contradictoires principes, jusqu’à la folie de la chair et jusqu’à la folie de la croix.

Car il faut, en protestant contre des allégations aussi erronées que bien intentionnées, affirmer que rien ne fut « joué » chez cet homme ; ni sa sensualité n’est « de la littérature », ni son christianisme, une religion « de brasserie ». Il a été choisi pour signifier, à ses risques et à sa gloire, les deux tendances éternelles de l’homme et leur sanglant conflit, pour être l’image héroïquement représentative de l’homme moderne, dont on a dit avec