Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il acclame quatre poëtes : Byron et Walter-Scott, Châteaubriand et Gœthe.

Du moins, en Byron, le sentiment poétique pouvaitadmirer ce qu’il recelait de plus jeune, initialement : cette immense effusion de vie que le poëte de Don Juan trahissait, — mais point plus que tout traducteur. En s’éprenant de Walter-Scott, le Romantisme avoua quelles étaient ses secrètes et véritables tendances, où devaient le conduire, ses sympathies naturelles le jour où il abdiquerait enfin son attitude théâtrale. Walter-Scott est une réduction au « bon sens » de tous les sentiments qui mouvementent son temps : or, réduits au bon sens — plutôt au « sens commun », ces sentiments rentrent dans leur néant natal. Une seule qualité persiste dans Walter-Scott : il ne pense pas, il imagine lourdement et vulgairement, il fait de l’histoire une fable ridicule ; il n’a ni l’ingéniosité, ni la bonhomie, ni la terreur ; ses personnages ne sont ni des entités idéales, ni des hommes vivants, ni même des fantômes, il ignore l’amour comme toutes les autres passions[1],

    sentiment proprement dit, le sentiment de l’amour circonvenant la vertu qui résiste et se lamente (le larmoiement de Rousseau se fait torrent, cataracte et déluge chez Richardson). — Il y faudrait ajouter encore les dramaturges espagnols et le Romancero. Mais les Romantiques n’y trouvèrent que ce qu’ils avaient déjà trouvé dans Shakespeare : l’aspect extérieur et le mouvement.

  1. Un seul roman de Walter-Scott infirmerait ces sévérités :