Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/246

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pas seulement soumis l’intelligence, mais qui, par un miracle, se l’est assimilée, se spiritualisant vers elle, la matérialisant vers lui, réalisant (au sens étymologique du mot) l’Idéal, et puis, pour le conquérir, s ingéniant, sans laisser jamais l’imagination se prendre à d’autres mirages que ceux de la vie elle-même, tels qu’ils sont peints par le hasard sur le rideau de nos désirs. Contre cette loi le poëte n’est pas sans s’être rebellé, mais, en somme, il la subit et le drame de sa vie lui a fait la douloureuse atmosphère nécessaire au drame de son œuvre, — le simple duel du rêve et de la vie, de l’esprit et de la chair. Comment le vivant champ-clos de ce duel souffre ou jouit des successives victoires des deux adversaires, — c’est-à-dire quelle est la vérité profonde des sensations modernes, de quelle sorte le mysticisme et le sensualisme se partagent, en ce temps, les âmes que les horizons de la pure pensée n’ont pas éfinitivement conquises : questions auxquelles aura répondu seul Paul Verlaine[1]. » — Comme chez M. Villiers de l’Isle-Adam en des contes tels qu’Akédysséril, il faudrait noter l’influence wagnérienne chez M. Verlaine en des poèmes comme Crimen Amoris. Par ses étonnantes Romances sans Paroles il a brisé les liens par trop étroits où le Parnasse avait enchaîné le Vers. Le principe de cette grande révolution était dans Sainte-Beuve,

  1. Le même.