Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/326

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Que ce soit de la littérature, d’exquise musique peinte, qui le nie ? et plus que partout ailleurs je reconnais ici un très sûr instinct d’art synthétique. Comme la littérature vers la musique et la peinture, la prose va au vers et cherche à faire corps avec lui. Moréas l’a compris mais à coup sûr c’est la prose, avec lui, qui gagne. C’est elle encore qui dépouille cette chanson de quelques-unes de ses rimes, rhythmique purement.


Vous avec vos yeux, avec tes yeux,
Dans la bastille que tu hantes !
Celui qui dormait s’est éveillé
Au tocsin des heures beuglantes.
Il prendra sans doute
Son bâton de route
Dans ses mains aux paumes sanglantes.

Il ira, du tournoi au combat,
À la défaite réciproque ;
Qu’il fende heaumes beaux et si clairs,
Son pennon, qu’il ventèle, est loque.
Le haubert qui lace
Sa poitrine lasse,
Si léger, il fait qu’il suffoque.

Ah, que de tes jeux, que de tes pleurs
Aux rémissions tu l’exhortes,
Ah ! laisse : tout l’orage a passé
Sur les lys, sur les roses fortes.
Comme un feu de flamme,
Ton âme et son âme,
Toutes deux vos âmes sont mortes[1].


D’ailleurs, comme il reconnaît, on vient de le

  1. Jean Moréas : Les Iconostases.